Flor Rayén Calfunao et Remultray Cadin : La Suisse examine la demande de refuge politique des Mapuche chiliennes

Publié le par Nicolas

  par Reynaldo Mariqueo, werkén (Traduction française par Ximena Gautier Greve, correspondante mapuche à Paris).


Le mercredi 21 Janvier convoquées par l'Office des Réfugiés de Vallorbe en Suisse, Fleur Rayén Calfunao et l' enfant mineur Remultray Cadin agée de 10 ans, devaient prouver ses identités et autres données necessaires pour que le refuge leur soit accordé dans ce pays. La démarche a commencé le 10 septembre 2008 lorsque Fleur quitta Genève pour récupérer sa petite nièce livrée à elle même au Chili, lors de l'emprisonnement politique de toute leur famille.

 Installée illégalement en Suisse depuis 1996, Fleur s'activait à dénoncer la violation des Droits Humains subie par sa Communauté appartenant à l'etnie mapuche du Chili. Reconnue par cette activité efficace elle reçu le Prix "Femme exilée, femme engagée" en mars 2008, qui lui fut remis  publiquement par le Maire de Genève, M. Patrice MUGNY.




L'image montre Flor Rayén Calfunao

et l'enfant Remultray Cadin.

Photo: archivo MIL.  


La famille Calfunao-Cadin a protesté pacifiquement contre les outrages des droits individuels et collectifs, que les autorités chiliennes exercent sur elle et sur leur Communauté, à ce que les autorités ont répondu par la criminalisation de leurs actions, en bafouant la Constitution Politique de la République du Chili qui reconnait le droit à protester pacifiquement.  Ces protestations dénonçant la violation des Droits Humains, servent de fondement à la demande de refuge politique, vu que la Famille Calfunao Cadin parmi d'autres, est l'objet des brimades dont l'intimidation, les menaces, la répression physique et psychologique exercées par les grands proprietaires fonciers et la police militarisée chilienne elle-même.

 Les agissements de la police sont suivis des procédés judiciaires à la charge des Tribunaux Militaires qui leur appliquent: et la Loi de Sécurité Intérieure de l'Etat, et la Loi Anti-Terroriste promulguées par Pinochet.

 La demande de refuge politique est appuyée par un nombre important d'organisations qui appuient les Droits Humains, parmi lesquelles:  la Croix Rouge Internationale, l'Organisation Mondiale contre la Torture, la Fédération Internationale des Droits Humains, Human Wrights Watch, Amnisty International. Ces organisations ainsi que le Rapporteur Spécial de l'ONU sur les affaires indigènes, ont émis des rapports, ont fait des recommendations ou exprimé leur préoccupation au Gouvernement chilien, à propos de la répression injustifiée contre le peuple mapuche.

La Suisse a déjà octroyé le refuge politique à des citoyens chiliens car elle a conclut dans le cas de Patricio Ortiz Montenegro qu'au Chili, sous les gouvernements démocratiques de l' après-Pinochet, on torture et il n'y a pas des garanties de sécurité ni de jugement juste.

La torture étant pratiquée amplement au Chili, particulièrement contre les mapuche qui en meurent. Johnny Cariqueo mourut d'un infarctus du myocarde, le 31 mars 2008, suite à des traitements brutaux subis au 26ème Commissariat de Pudahuel à Santiago. La Commission "Ethique contre la Torture" dénonça que le jeune homme avait été interpellé et amené au Poste lors de la manifestation du 29 mars.


PERSECUSSION POLITIQUE CONTRE LES COMMUNAUTAIRES.

La Communauté "Juan Paillalef" est située dans la IX Région du Chili appelée Araucania, qui constitue le territoire ancestral du peuple mapuche. Elle est régie par des valeurs culturels propres aux mapuche, suivant leur système d'organisation sociale qui n'est pas reconnu dans la pratique par  les autorités chiliennes qui nient les différences culturelles existentes dans le pays, et le droit des indigènes "à être différents, à se considérer et être considérés comme tels".  Ceci signifie que leur culture et organisation sociale ne sont pas reconnues, et le statut de "lonko", en tant que l'autorité de la Communauté mapuche, ne l'est pas non plus.

Juana Calfunao Paillalef, "lonko" (chef) de la Communauté  "Juan Paillalef" et sa soeur Luisa, furent emprisonnées en novembre 2006 dans la Prison pour Femmes de Temuco où Juana y est encore, tandis que sa soeur se trouve sous liberté conditionnele et doir signer tous les Dimanches. Luisa est sous attention psychologique, motivée par les traumatismes causés par la repression qui subit la famille, dont elle est témoin involontaire depuis son enfance, auxquels se sont ajoutés maintenant les mauvais traitements carcelaires.  Le mari de la « lonko » Calfunao, nommé Antonio Cadin et leur fils Jorge se trouvent à la Prison de Temuco, d'où Jorge fut liberé avant d'y être renvoyé à cause d' un montage policier. D'autre part, Waikilaf, un autre fils de la « lonko »  fut arrêté à Temuco où il subit des tortures physiques, à mains du personnel de la Gendarmerie avant d'être envoyé à la Prison de Haute Sécurité de Santiago qui l'a mis en liberté le 29 décembre 2007.  Pourtant dès lors il a été arrêté en deux autres occassions, la dernière ayant leu ieu le 2 janvier 2009. Leur grand-mère, Mercedes Paillalef, qui est la mère de la « lonko » Juana Calfunao, et son autre fille, Carolina, se trouvent sous des mesures préventives  qui les empêchent de rendre visite à leur famille ainsi qu'à se déplacer à l'intérieur du pays.

Mercedes Paillalef craint que n'importe à quel moment le reste de la famille soit emprisonnée aussi, accusés d'enfreindre la loi sous des faux témoignages, qui permettront après de les soumettre à des montages judiciaires. Cette pratique abusive a déjà été utilisée contre eux et aussi en contre d'autres communautés qui réclament leurs droits.

Il faut remarquer que la maison de la « lonko » Juana Calfunao a déjà été incendiée trois fois. Un de ces attentats coûta la vie à l'oncle de Juana, nommé Basilio Coñoenao. Dans un autre, l'enfant Ramultray fut sauvé des flammes in extremis, grâce à l'intervention d'un voisin.

La Communauté « Juan Paillalef » a été investie par la police en innombrables opportunités, presque toujours sans autorisation judiciaire. La « lonko » Juana Calfunao et sa famille ont souffert la brutalité policiaire à l'intérieur de leur Communauté de façon reitérée et ceci devant leurs enfants. La « lonko » Calfunao a été mis à l'arrêt de façon arbitraire et torturé par la police; les propres autorités judiciaires du Chili se sont vu contraintes à lui assigner un avocat pour qu'il recherche l'origine des hématomes et coupures apparement faites au poinçon sur le corps et le visage, et que des journalistes ont filmées lorsqu'elle sortait d'une prison.


Encore reste à élucider l'avortement que la « lonko » Calfunao a souffert en juin 2000,  pendant qu'elle était détenue au 2ème Commissariat de Temuco, provoqué par les tortures qu'elle subit aux mains de la police militarisée, qui l'accusa en retour d'avoir « maltraité les carabiniers de service »  Tous ces antécedents ont été divulgués par les organisations des droits humains chiliennes et internationales et par les media. Dans ce contexte s'est trouvée l'enfant Relmutray, restée sous la garde de sa sœur Carolina qui risque d'être arrêtée à n'importe quel moment. Si Flor Rayén Calfunao était retournée au Chili, elle se serait integrée à la lutte pour la défense des droits de sa Communauté avec ses sœurs Juana et Luisa, et se serait vue ajouter à la longue liste de prisonniers politiques mapuche. Jamais elle ne regularisa son séjour en Suisse car attendait anxieusement le moment de retourner dans sa terre natale, mais la paix n'arriva jamais à leur Communauté.


Les mapuche et les Organisations pour les Droits Humains attendent que la Suisse puisse comprendre leur situation, en leur accordant de vivre dans un contexte de paix, sécurité et stabilité où la fille Ramultray puisse grandir et jouir des droits enoncés par la Convention des Droits de l'Enfant et d'autres législations internationales à caractère humanitaire. On croit que la répression subie par les membres de la Communauté « Juan Paillalef » qui oblige à Flor Rayén Calfunao et à Remultray à solliciter le refuge politique en Suisse, remplit les conditions prévues par la Convention de Génève du 28 juillet 1951 sur le Statut des Réfugiés et la « Déclaration pour la Protection des Toutes les Personnes contre la Torture et  Autres Traitements ou Peines Cruels, Inhumains ou Dégradants »  du 9 décembre 1975 (Résolution N°345/XXX/Assamblée Générale).

Enfin, il faut noter que le Gouvernement Chilien ne reconnait pas les revindications de justice, culture, territoire et libre détermination des mapuche, ni leur lutte politique pour la reconnaissance de ses droits humains et libertés fondamentales. Ceci veut dire qu'il ne reconnait pas non plus le statut de prisonniers politiques aux activistes mapuche emprisonnés. Pourtant, Mercedes Paillalef qui a obtenu la qualité d'exonerée politique, à cause de sa lutte pour le peuple mapuche pendant la dictature sous Pinochet, se voit refuser ce même droit et elle est considérée aujourd'hui comme une délinquente de droit commun.


Par Reynaldo Mariqueo, werkén mapuche (envoyé spécial) http://www.mapuche-nation.org/espanol/htm/noticias/art-21.htm

Traduit par Ximena Gautier Greve, correspondante mapuche à Paris pour le RISPM, le 2 Mars 2009


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